Anna Pavlova, St Pétersbourg
D’elle, le poète Ezra Pound écrit : « L’aube pénètre sur la pointe des pieds comme une Pavlova auréolée ». On dit « La Pavlova » comme on dirait « La meilleure danseuse étoile de tous les temps ». Plus besoin de prénom. Quand on dit « La Pavlova », on a tout dit. Il faut penser à la petite fille née dans un milieu modeste, en février 1881, à Saint-Pétersbourg.
C’est après avoir pu assister au ballet de La Belle au Bois Dormant, alors qu’elle n’a que neuf ans, qu’elle découvre en elle cette vocation, cet appel profond qui vont la conduire au faîte de la gloire. C’est décidé, elle sera danseuse, elle se bat, travaille et réussit. Elle entre enfin et avec bonheur à l’Ecole impériale de danse de Saint-Pétersbourg et dès 1899 elle intègre la troupe du théâtre Mariinsky .
C’est là qu’elle devient danseuse étoile dès 1906, à l’âge de vingt-cinq ans. Elle continue de se produire sur les planches du Mariinsky jusqu’en 1913. Sa grâce, son élégance, sa légèreté sont un véritable ravissement. Les tournées internationales vont désormais s’enchaîner pour la jeune femme qui ne comptabilise pas moins de quatre mille villes visitées.
Elle innove dans sa danse, dans sa technicité, et pour parfaire ses pointes elle invente même le petit bout de bois qui est toujours placé au bout des ballerines de danse. Elle danse avec les plus grands. Ses duos avec le danseur étoile polonais Vaslav Nijinsky sont célèbres, notamment dans Les Sylphides ballet créé par Michel Fokine sur une musique de Chopin, ou Giselle de Adolphe Adam.
Le summum de sa carrière, Anna Pavlova l’atteint grâce à une suite musicale de Camille Saint-Saëns : Le Carnaval des animaux. Elle y interprète La mort du Cygne, un solo créé spécialement pour elle par Fokine en 1905.
Le nom de Pavlova reste a jamais lié à ce solo merveilleux. Il faut dire que la fin tragique de la danseuse rajoute une touche romantique et terrible, doublant l’agonie du bel oiseau à celle de la légendaire danseuse. Anna contracte une pleurésie sévère à La Haye en 1931.
Les médecins la préviennent du danger et lui demandent de cesser de danser. Elle refuse. Quelques semaines plus tard elle s’éteint, au même moment l’orchestre de Saint-Pétersbourg donne La mort du cygne, devant une scène vide. Une scène vide sur laquelle seul un projecteur attend le retour impossible de la danseuse qui s’était déjà envolée avec les beaux oiseaux.
Anna Pavlova savait qu’elle partait, elle l’acceptait avec courage, n’espérant qu’une seule chose, que son nom serait à jamais associé à la beauté, à la joie et à la vie. Elle est exaucée à tout jamais.