Françoise Sagan, la dame de la côte
La pétillante écrivaine imprègne encore le littoral normand, entre Deauville, Trouville et Honfleur.
Le 8 était un numéro fétiche pour Françoise Sagan. Après l’avoir joué à la roulette toute la nuit au casino de Deauville, la chance se pose sur la jeune femme de 24 ans. Au petit matin, elle gagne 8 millions d’anciens francs, une vraie fortune en ce 8 août 1959. Françoise a a lors délaissé la Côte d’Azur, jugée superficielle, pour la côte normande.
À 8 heures du matin, son gain récupéré, Françoise rentre au manoir qu’elle loue. Dans la conversation, elle demande au propriétaire s’il consentirait à vendre cette propriété de 8 hectares. Il la lui propose pour 8 millions… Elle y vivra de longues années, recevant le Tout-Paris littéraire.
Situé à Barneville-la-Bertan, au-dessus de Honfleur, le domaine vient d’être racheté et rénové, son ouverture au public n’étant pas envisagé. Peu importe, l’esprit de Sagan plane toujours avec force sur Deauville et Trouville, sa jumelle et rivale. Côté Deauville, outre les salles rouges et or de l’envoûtant casino, il faut évidemment arpenter la plage, la promenade des planches et le bar du Soleil.
« Je regardais la mer vide, les mouettes affolées qui rasaient les planches, le soleil blanc… » (Des bleus à l’âme, 1972). Le spectacle des chevaux fascinait aussi l’auteure, des entraînements au poney club aux courses sur les hippodromes de la Touques et de Clairefontaine. Il s’en dispute toujours, tout au long de l’année.
De retour en ville, posez-vous dans le cadre suranné du restaurant. Chez Miocque, avec ses stars au mur, ou dans celui, tout aussi typique, de la brasserie Les Vapeurs de Trouville. En sortant, flânez rue des Bains, les antiquaires y sont toujours nombreux. Poussez ensuite jusqu’au fameux hôtel Les Roches noires, marqué par une autre grande plume française. C’est dans cet ancien place, naguère fréquenté par Proust, que Marguerite Duras achète l’appartement 105 en 1963. Elle s’y ressource chaque été, jusqu’en 1994, se promenant parmi les lumières changeantes du littoral normand, d’Étretat à Honfleur.
Honfleur, où Françoise Sagan, ruinée, s’éteint en 2004.