Yasunari Kawabata à Tokyo
Le Prix Nobel de Littérature lui a été attribué en 1968. Yasunari Kawabata est un écrivain précieux. Un écrivain japonais. Ses mots, il les façonne, il les choisit et les ordonne comme des ombres élégantes, il suggère plutôt qu’il n’assène. Il est l’écrivain japonais dans sa plus belle expression, en quête du sublime. Yasunari Kawabata naît en 1899 à Osaka . Né dans une famille aisée, il est orphelin dès ses trois ans. Il est frappé par le deuil à de très nombreuses reprises. Resté seul avec son grand-père, il décide de devenir écrivain dès l’âge de douze ans.
Mettant à exécution son projet, son premier écrit officiel est daté de ses quinze ans. Désormais il écrit pour des journaux, des revues, compose de petites nouvelles. La mort, la solitude et l’absence sont des thèmes récurrents dans l’œuvre de Kawabata. Balançant entre homosexualité et bisexualité, le jeune homme est en quête du beau.
Poursuivant ses études, il rencontre à Izu une jeune danseuse qui lui procure une émotion esthétique tellement forte qu’elle sera l’inspiratrice de son premier vrai roman, La Danseuse d’Izu. Yasunari Kawabata a autour de lui des amis fidèles férus de littérature moderne, ils forment un cercle littéraire dès 1919.
Fiancé à une jeune serveuse de quatorze ans, Hatsuyo, il rompt son engagement juste avant le mariage, créant ainsi un personnage féminin de l’éternelle fiancée que l’on retrouve dans plusieurs de ses œuvres. Il commence à vivre de sa plume et de ses traductions à partir de 1922. Il se marie enfin en 1931 avec une autre femme, mais une nouvelle rencontre avec Hatsuyo la même année détruit les images qu’il avait gardées précieusement dans sa mémoire.
Intimement mêlée à sa vie, sa vision change et son écriture évolue à partir de cette désillusion. L’écrivain atteint sa maturité d’homme et de plume. Pendant la guerre, il occupe un poste de journaliste et voyage. De santé fragile, il connaît de sérieux problèmes qui le conduisent à plusieurs reprises à l’hôpital. Problèmes digestifs, accoutumance aux somnifères, le voilà affaibli. Il continue malgré tout à écrire, fonde plusieurs revues, travaille avec d’autres auteurs japonais comme Mishima, Abe ou encore Ishikawa Jun.
Le Prix Nobel obtenu en 1968 sonne l’heure de la consécration, l’auteur reçoit toute sa vie durant de très nombreuses autres récompenses. A la suite du suicide de son élève et ami Mishima, sa santé décline toujours. Atteint d’une mauvaise appendicite, il décide de mettre fin à ses jours, c’est ce qu’il fait en avril 1972.
L’écriture de Kawabata est une réelle expérience de la beauté. Dépouillée, elle renvoie à l’essentiel sans jamais le nommer. Lire Kawabata, c’est rencontrer l’âme du Japon.